Dessiner le monde comme nous voudrions qu’il soit
« J’ai senti que je pouvais agir sur un problème important plutôt que de ne rien faire », a déclaré Aanya, élève de 6e à La Grande Boissière, au sujet de l’unité d’enquête de sa classe d’art sur les dessins politiques. Conformément à la mission de l’Ecolint de préparer au mieux ses élèves à s’engager dans les défis politiques, éthiques et environnementaux actuels, voilà précisément ce qu’on fait les élèves de 6e : de prendre position sur une problématique qui leur tient à cœur, mais d’un point de vue artistique – c’est-à-dire à travers la bande dessinée. Plus spécifiquement, il a s’agit d’utiliser le dessin de presse, qui associe le talent artistique, à l’hyperbole et la satire afin de remettre en question ou dénoncer des maux sociaux.
Pour certains, l’inspiration est venue de ces tragédies et événements mondiaux que l’on retrouve quotidiennement dans nos journaux : la guerre en Syrie, les réfugiés noyés, le terrorisme, le rôle croissant du populisme dans le monde et la menace imminente de l’éclatement de nouveaux conflits armés. Pour d’autres, elle est venue de ces problématiques qui ont malheureusement perdu à nos yeux leur sentiment d’urgence : la destruction des forêts tropicales et des écosystèmes, le réchauffement climatique, la pollution atmosphérique, ou encore l’expérimentation animale. Enfin, certains élèves particulièrement observateurs ont examiné les maux qui nous entourent, mais que beaucoup d’entre nous ne voit plus : l’itinérance ou l’obésité infantile. Pour Lauren, cette unité était indispensable pour attirer l’attention des gens sur ce qui compte : « J’ai pu exprimer ce que je pensais et ressentais sur une question importante et en informer les autres ».
Dessiner pour la paix
Une autre source d’inspiration pour les élèves de 6e n’était autre que le célèbre dessinateur syrien-palestinien Hani Abbas, qui les a visités dans le cadre de leur unité d’art. Né en 1977 dans l’immense camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk en Syrie, il a dû fuir la Syrie à la suite de menaces du Service secret syrien pour ses dessins politiques. Demandant l’asile en Suisse, il est désormais installé à Genève et continue de dénoncer les atrocités de la guerre à travers ses dessins.
Hani fait également partie du réseau international Cartooning for Peace, fondé par douze dessinateurs internationaux en octobre 2006 à l’initiative du Prix Nobel de la paix et ancien Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, et de Plantu dessinateur pour Le Monde. En tant que tel, il s’engage à défendre les libertés fondamentales, à savoir la liberté d’expression telle que définie à l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ».
Prêter son crayon pour le changement
Dans le cadre de leur unité d’enquête, les élèves ont également exploré les moyens de communiquer leurs travaux finis à un public plus large. En partageant leurs créations avec leurs camarades, beaucoup, comme l’a souligné l’élève de 6e Emre, ont « pris conscience de ce qui se passe dans le monde » à travers les problématiques que leurs collègues ont choisi de représenter. Ainsi, ils se sont rendu compte que leurs propres voix et opinions comptaient tout autant pour provoquer des changements que ceux des dirigeants d’aujourd’hui. Voilà pourquoi ils ont décidé d’imprimer leurs dessins sur des T-shirts. Fabriqués à partir de matériaux durables dans l’usine éolienne éthiquement accréditée de Rapanui Clothing, ces T-shirts sont également disponibles à la vente. L’ensemble des recettes sera versé à l'Atlantic Pacific International Rescue Boat Project, choisi par les élèves de 6e, qui fournit des bateaux de sauvetage, des stations de sauvetage mobiles et un équipage de bénévoles hautement qualifié là où il n’y pas de dispositifs de sauvetage aquatique.
Partageant la vision de ce projet d’un monde où tout le monde a le droit d’être sauvé en mer, les élèves de 6e ont bouclé la boucle à travers leur unité d’enquête. Partant des conseils inspirants de l’ancien réfugié Hani Abbas, les élèves ont assimilé son enseignement et crée leurs propres dessins à imprimer sur des T-shirts vendus en ligne, les recettes desquels sont destinées à un organisme de bienfaisance qui, parmi ses différentes missions, continue de secourir les réfugiés qui bravent les périls de la mer. Comme le concluent les élèves de 6e Sofia et Julian : « S’il y a un grand problème [nous] pouvons quand même faire une petite différence, et nous ne devrions pas laisser se produire les mauvaises choses, mais plutôt faire quelque chose de positif » pour y remédier.
Hani Abbas sera l’artiste en résidence du 26 avril au 20 mai 2017. Son atelier est situé au deuxième étage du Centre des arts à La Grande Boissière.
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